il en avait joué

[giuseppegg]

Bonsoir,
dans une nouvelle d'un auteur belge (Willems), je trouve un emploi du verbe "jouer" que je ne suis pas certain d'avoir compris.
C'est l'incipit du texte:
"Victor vivait comme un cerf-volant, c'est-à-dire attaché. Les tempêtes - il en avait joué jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans - tendaient, mais sans le rompre, le fil qui le retenait à l'enfance".

Je me demande si l'on peut attribuer à ce "jouer" le sens de "profiter de"; ou bien (toute autre explication) le sens de "simuler"...
Pourriez-vous me donner quelques avis?
merci gp

 

[Maître Capello]

Si c'est bien il en avait joué (et pas il s'en était joué), je ne comprends pas du tout ce que l'auteur a voulu dire ; jouer des tempêtes n'est pas du tout une expression connue.

 

[giuseppegg]

Merci, @MC; c'est précisement mon problème... g

 

[SergueiL]

[...] Je me demande si l'on peut attribuer à ce "jouer" le sens de "profiter de"; [...]

Bonjour,
On peut prendre "jouer de" dans son sens habituel de "se servir de", "tirer profit de" (Ex : Jouer de son charme), mais avec un emploi élargi (Ex : Cette entreprise joue de la crise pour s’enrichir).
Comme un cerf-volant qui joue du vent (pour s'élever sans pour autant rompre son fil), il avait su tirer profit des tempêtes de sa vie (pour être plus sage sans devenir adulte).
Ce n’est pas courant, mais cela reste possible. La psychologie du personnage, si elle est abordée dans la nouvelle, pourrait peut-être nous éclairer sur ce point.

 

[Maître Capello]

Comment peut-on « se servir » des tempêtes, en tirer profit ? L'expression reste obscure pour moi.

Comme un cerf-volant qui joue du vent (pour s'élever sans pour autant rompre son fil)

L'emploi du verbe jouer est ici plus qu'hasardeux ; un cerf-volant ne peut pas « jouer » du vent.

Une autre interprétation serait que Victor ne jouait pas du vent, mais plutôt du fait que « le fil qui le retenait à l'enfance » ne se rompait pas. Autrement dit, jusqu'à ses 25 ans, il jouait les enfants et en tirait profit.

 

[SergueiL]

Comment peut-on « se servir » des tempêtes, en tirer profit ? L'expression reste obscure pour moi.

"tempêtes", dans le cas qui nous occupe, est à prendre au sens figuré, on peut le rapprocher de "crises" : le concept de tirer profit d'une crise pour rebondir est facilement compréhensible et même complètement dans l'air du temps.

L'emploi du verbe jouer est ici plus qu'hasardeux ; un cerf-volant ne peut pas « jouer » du vent

Tu le trouves hasardeux.
Il est inhabituel c'est sûr, on peut le juger techniquement inadapté, mais on peut aussi le trouver poétique.

Une autre interprétation serait que Victor ne jouait pas du vent, mais plutôt du fait que « le fil qui le retenait à l'enfance » ne se rompait pas. Autrement dit, jusqu'à ses 25 ans, il jouait les enfants et en tirait profit.

Ce serait davantage plausible si la partie entre tirets était placée après "rompre" ou en fin de phrase. La syntaxe ne va pas tout à fait dans ce sens.

 

[Maître Capello]

"tempêtes", dans le cas qui nous occupe, est à prendre au sens figuré, on peut le rapprocher de "crises" : le concept de tirer profit d'une crise pour rebondir est facilement compréhensible et même complètement dans l'air du temps.

C'est bien évidemment une métaphore, mais puisque c'en est une, il faut la suivre jusqu'au bout. Il doit forcément y avoir un lien avec la suite, le fait que ces tempêtes tendaient sans le rompre le fil qui le retenait à l'enfance. Or je ne vois pas du tout le lien qu'il y a entre le fait de tirer profit des crises et le fait d'être rattaché à l'enfance.

Ce serait davantage plausible si la partie entre tirets était placée après "rompre" ou en fin de phrase. La syntaxe ne va pas tout à fait dans ce sens.

La syntaxe ne l'exclut pas pour autant.

 

[snarkhunter]

Comment peut-on « se servir » des tempêtes, en tirer profit ? L'expression reste obscure pour moi.

... Lorsqu'on "est un cerf-volant", cela me semble une évidence ! A condition de ne pas se faire déchiqueter par la foudre, bien entendu.